Dream of Melody

Ce soir, il pleut

Ce soir, il pleut


Ce soir, il est tard. La maison est calme. Il ne résonne plus aucun bruit sauf le bruit de vos respirations. Celles qui font que vous êtes encore vivants. Parce que, dans quelques minutes, je devrais vous rayez de ma vie et vous sortir de mon cœur tout comme vous le ferez demain, quand vous lirez la lettre que je vous ai laissé.

Vous n’essaierez même pas de comprendre. Certains d’entre vous ne liront certainement jamais cette lettre tant la haine que vous éprouverez sera puissante. Mais malgré la haine et le dégoût que vous ressentirez à mon égard, et malgré le fait que je ne pourrais jamais vous détestez, malgré ça, malgré tout ça, vous allez me manquer. Tous.

Les cris de Bella dès le réveil parce que son café n’est pas assez noir. Le petit rire discret et cristallin de Cissy. Les sourires bourrus de père et les expressions de mère quand l’on faisait n’importent quoi mais qu’elle ne voulait pas montrer que cela l’amusait. Même les geignements de Kreattur allaient me manquer.

Je descendis pour la dernière fois ces escaliers qui grinçaient. Ces grincements qui avaient bercés mon enfance par des courses poursuites ou d’autres jeux, tous ponctués de rire. Je caressai la rampe tendrement. Cette rampe toujours propre et bien cirée sur laquelle nous faisions tellement de glissade et de cascade…

Bien sur, je pense que vous avez tous remarquez mon soudain changement de comportement, j’en suis même certaine. Mère m’a plusieurs fois dit que, s’il y avait un problème, elle serait là pour m’écouter. Cissy est venue, plus souvent que d’habitude, se blottir tendrement dans mes bras et Bella m’a jeté des regards lourds de sens. Même Père, étant pourtant très discret, me regardait, à la fois inquiet et soupçonneux.

Et, si vous avez fait tout ça, c’est pour une bonne raison. Et, même si vous ne l’avez jamais dit, je le sais. Par vos actes, vos regards et vos paroles. Et, alors que vous découvrirez ma fuite et que vous serez dans l’obligation de me haïr, je ne cesserais de garder dans mon cœur ce souvenir. Le souvenir de votre amour. Parce que vous m’aimez. J’en suis certaine et je le dis sans prétention. Tout le monde pense que la famille Black est insensible et incapable d’éprouver, ne serait-ce qu’une once de 
sentiment.

Je ne sais pas d’où cela vient. Nous avons, certes des idées très centrées et très précises sur certaines choses, mais nous ne sommes pas sans cœur pour autant. Enfin maintenant, grâce ou à cause de lui, je n’ai plus ces idées sur la soi-disant pureté du sang. Mais même si ma famille m’aime, elle ne me pardonnera jamais. S’enfuir avec un Né-Moldu. Ils ne l’accepteront pas. C’est trop dur. Ils ne pourront jamais me pardonner. Tout comme moi je ne pourrais jamais leurs pardonner de ne pas avoir essayé de me comprendre.

Je sais ce que vous vous dites, l’amour devrait être capable de tout pardonner. Cela ce passe peut-être comme ça dans les autres familles mais pas chez nous. Parce que nous, nous sommes des Black. Des Blacks doublés Serpentard. Et ce que je suis en train de faire va salir leurs réputations tout en blessant leurs orgueils et leurs fiertés. 

Ce soir, il est tard. La maison est calme. Elle dort. Tout le monde dort, sauf moi. Je suis en bas sur le palier et ne peux me décider à franchir la porte. Et, pour la dernière fois, je regarde cette maison qui fut la mienne pendant de nombreuses années. Mon regard balaye l’entrée et tombe sur la lettre que je leurs ai laissé. A eux, à vous. A vous, ceux que j’aime, que j’ai aimés et que j’aimerais toujours au plus profond de mon être quoi que je dise et que je pense. 

Parce qu’avant d’être une Black, je suis moi. Andromeda. Et que je vous pardonne déjà. Parce qu’il y a lui, et que, en à peine quelques mois, il m’a changé. Et j’aime ça, j’aime celle que je suis avec lui et grâce à lui.

J’ouvre la porte et sort. Ce n’est que lorsque cette dernière claque dans un bruit sourd que je comprends réellement la portée de mon geste, ainsi que les conséquences. Je ne les reverrais plus. Je ne leurs parlerais plus. Je ne pourrais plus rire, pleurer ou tout simplement, être avec eux.

Ce soir, il pleut. Et alors que je marche dans les rues de Londres faiblement éclairés, mes larmes se mêlent à la pluie.



12/05/2012
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